C’est rare que je me fâche, je suis plutôt de nature conciliante mais là, j’ai besoin de ventiler.
L’application des mesures sanitaires en temps de COVID-19 ne peut pas reposer sur les épaules seules des entrepreneurs.
Au fur à mesure que le Québec se déconfinait, chaque secteur d’activités recevait sa trousse des mesures et directives à suivre. Devant l’ampleur du défi pour freiner la propagation du virus et soucieux de participer à l’effort collectif, nous avons suivi à la lettre toutes les mesures dans chacun des secteurs d’activité qui nous touchent, improvisant vers plus de sévérité que pas assez quand nous ne savions pas. Nous avons acheté du matériel, repensé les affiches pour leur donner un look Maison Lavande, essayé de rendre les couloirs de circulation des files d’attente plus attrayants et agréables avec de jolis cordages et parasols. Nous avons fait faire des visières à notre image pour nos employés. Nous avons complètement repensé l’intérieur de la parfumerie pour offrir quand même une belle expérience de magasinage. Nous avons ajouté du personnel pour nous assurer que tout le monde se lave les mains, respecte la distanciation de 2 mètres et comprend pourquoi ce n’est pas un été comme les autres à la Maison Lavande. Bref me semble qu’on en a fait beaucoup.
Par contre il semble que ce n’est pas encore assez. Le gouvernement veut que nous soyons responsables du comportement de nos clients et nous pourrions être mis à l’amende si nos visiteurs ne respectent pas les règles. Non mais, minute là. Il y a un bout qu’on ne peut pas faire. Un entrepreneur n’est pas un enseignant ni un policier. En plus de l'affichage omniprésent, on a ajouté du personnel pour informer de vive voix les visiteurs sur les règles en place et on a même demandé à nos employés de se promener dans les files pour rappeler aux gens qu’ils doivent se maintenir à 2 mètres de distance. On recommande le port d’une protection faciale et là on commence à avoir hâte que ce soit obligatoire. Notre site est immense, il est très facile d’y respecter la distanciation physique. Faudrait-il maintenant que je déambule dans nos champs de lavande pour exiger une preuve de résidence aux membres de chaque groupe pour m’assurer qu’il ne dépasse pas le nombre de personnes et d’adresses civiques permises ?
Sur le terrain, on fait face aux perceptions de tous : ceux qui croient qu’on en fait beaucoup, même qu’on est une inspiration-covid, mais aussi d’autres qui pensent qu’on pourrait faire encore faire plus. Dernièrement, des clientes m’ont fait part d’un épisode dans une file où deux familles n’avaient respecté les règles de distanciation… Le plus ironique? Ces femmes ne portaient pas de masque.
Vous voyez le portrait? Tout semble reposer sur nos épaules. Nos affiches, notre signalétique, nos aménagements et tout notre personnel caché derrière une visière (durant les canicules), ça ne serait pas suffisant? J’ai du mal à imaginer qu’il en va de notre responsabilité de voir à ce que tous portent un masque, se tiennent à deux mètres, se lavent les mains? Je ne veux/peux pas rappeler sans cesse que les règles affichées sont en place pour être lues et respectées. Je ne veux pas être mise à l’amende ou obligée de fermer pour quelque chose que je n’ai pas fait. Moi, j’ai rempli ma part de contrat et même plus… maintenant c’est à tout le monde d’accepter que déconfinement ne rime pas avec fin de pandémie.
Et en ce sens, j'aimerais sincèrement remercier les visiteurs qui passent nous voir, qui respectent toutes les règles, qui apprécient ce moment passé chez nous malgré tout, ceux qui nous lancent des idées, qui proposent des solutions. Ensemble, on va y arriver!