LE POIDS DU CONFINEMENT

- Nancie Ferron

LE POIDS DU CONFINEMENT

Dernièrement, j’ai écouté avec beaucoup de plaisir l’entrevue qu’a donnée Yvon Deschamps à René Homier-Roy. Ensemble, ils ont parlé du poids du confinement. J’ai trouvé la formule très jolie et tellement appropriée.

Depuis le mois de mars dernier, je dis à tout le monde qui veut bien l’entendre que les adolescents sont les grands perdants oubliés des mesures de confinement. Au moment où ces jeunes ont un si grand besoin d’expérimenter, de socialiser, de bouger, on leur interdit de se regrouper pour le sport ou par plaisir, on les éduque à distance partiellement ou totalement, on les confine à la maison autrement dit à leur chambre à coucher.

Dans ces circonstances, comment espérer que l’ado garde sa motivation pour étudier ? Quelle sera la valeur de ses acquis scolaires quand on sait que le système a fait preuve d’une très grande souplesse quant aux examens et aux notes de passage ? Quel adulte deviendra-t-il s’il n’a pas eu l’occasion de se confronter, se comparer, s’évaluer, tester ses forces et ses faiblesses dans son cercle d'amis ? S’il n’a pas eu l’occasion de se faire une première blonde, un premier chum ? Si son univers se résume à sa cellule familiale, sa chambre et son ordi ? Et on ne parle pas encore de tous ces ados qui vivent dans une famille dysfonctionnelle ou à faibles revenus ou mal armée pour faire face à autant de défis !

J’ai peur et beaucoup de peine en pensant à tous ces jeunes, particulièrement ceux du secondaire. Trop jeunes pour être autonomes, trop isolés pour développer des relations sociales constructives, trop laissés à eux-mêmes pour ne pas croire que la vie ne ressemble pas à un jeu vidéo en ligne. 

Même si je pose ce constat, je ne sais pas ce qu’on peut ou doit faire. Je me dis qu’en parler c’est déjà un début. Peut-être que si on arrête de les oublier, on va trouver des idées originales et mettre en place des mesures qui pourraient favoriser leur développement social et intellectuel. Peut-être suis-je alarmiste ? Trop lucide ? Ou, mieux, peut-être que je ne fais pas une bonne lecture de la situation de nos adolescents ? Je me croise les doigts pour que la réponse soit oui à cette dernière interrogation. 

Là, je parle des jeunes, mais je sais que la situation est difficile pour les aînés isolés, les gens souffrant de maladie mentale en état d’anxiété extrême, les Québécois à faibles revenus, les parents d’enfants avec besoins particuliers, les travailleurs de la santé épuisés, les restaurateurs au gagne-pain fermé… bref presque tout le monde doit composer avec la pandémie et les mesures sanitaires mises en place. C’est ça le poids du confinement… et il n’est pas le même pour tous.