Travailler en famille c’est pas toujours rose. La plupart du temps, oui. Mais il y a des jours où on n’est pas d’accord, des jours où on s’impatiente, des jours où on ne se parle presque pas.
C’est pas parce que nous sommes tous de la même famille que nous sommes toujours en parfaite harmonie. Vous vous doutez bien que le ton que nous employons entre nous n’est pas le même que deux personnes qui ne sont pas de la même famille. Pensez-y ! Vous travaillez avec votre fils, votre fille, votre sœur ou votre père, lui parlez-vous exactement sur le même ton que s’il était votre patron ou votre collègue ? Ben non. C’est impossible. Alors le ton n’est pas toujours approprié.
C’est simple, on est humain et avec l’humain viennent les émotions, les liens d’attachement. Tenter de séparer le lien familial du lien contractuel est quasi impossible, du moins dans son entièreté. Certains y arrivent partiellement mieux que d’autres. Moi, j’ai lâché prise. C’est trop difficile de faire abstraction du lien de filiation entre Daniel, Simon, Flo, Marjo et moi. Par contre, Flo et Daniel ont beaucoup plus de facilité avec cet aspect. Ils sont capables de se prendre au cheveu une journée et de souper ensemble le soir même. Moi aussi, mais rarement je vais laisser une situation difficile, une divergence d’opinions ou un inconfort se prolonger. Je suis une femme de compromis qui a besoin de sentir ses proches heureux pour moi-même me dire que je suis bien. Donc je tamponne, j’arrondis les angles, je joue à la médiatrice et j’évite les confrontations brutales. Je suis plus du style gestionnaire bienveillante. Certains diront alors que je manque de fermeté, peut-être, oui, mais j’obtiens presque toujours ce que je veux. C’est donc ma façon à moi d’interagir avec les membres de ma famille en milieu de travail.
Tout ça ne s’est pas fait sans heurts. Ça fait maintenant 11 ans que la Maison Lavande est ouverte. 11 ans de danses pas du tout chorégraphiées pour apprendre à nous connaître, à trouver chacun sa place, délimiter son territoire. 11 ans de hauts et de bas et de remises en question.
Aujourd’hui, on est de plus en plus conscients du rôle et de l’apport de chacun d’entre nous. On connaît plus nos forces et nos faiblesses. Chaque escalade de petites montagnes nous en apprend plus sur nous-mêmes et les autres.
Jamais je ne changerais de place. L’entrepreneuriat familial c’est tout un défi, mais comme nous carburons aux défis, on est choyés.